La Dordogne, nouvelle Côte d’Azur des campeurs en quête de fraîcheur

Face au réchauffement climatique, les vacanciers boudent de plus en plus les destinations traditionnelles du Sud pour se tourner vers des régions comme le Périgord. Les campings de Sarlat et ses environs connaissent un engouement sans précédent, profitant d’un climat encore tempéré et d’un patrimoine exceptionnel. Une révolution touristique en marche.

Par la rédaction, publié le 16 juillet 2025

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : cet été, les réservations dans les campings de Dordogne affichent une progression de près de 15% par rapport à 2024. Une tendance qui s’accélère depuis trois ans, confirmant une mutation profonde des habitudes de vacances des Français. Alors que les températures frôlent régulièrement les 40 °C dans le Midi, le Périgord Noir s’impose comme une alternative séduisante aux destinations surchauffées du littoral méditerranéen.


Cette redistribution géographique du tourisme estival n’est pas un hasard. Selon l’ADEME, les canicules, feux de forêt et inondations sont identifiés comme les facteurs de risque les plus élevés pour le secteur touristique. Dans ce contexte, la Dordogne tire son épingle du jeu grâce à ses températures encore supportables et ses rivières rafraîchissantes.

Un terroir qui mise sur l’authenticité

« Nous constatons effectivement une clientèle différente depuis quelques années », confirme ce gérant de camping que nous avons rencontré près de Sarlat. « Des familles parisiennes ou lyonnaises qui viennent chercher la fraîcheur et l’authenticité qu’elles ne trouvent plus ailleurs. » Les établissements comme Lou Castel : un camping 4 étoiles proche de Sarlat en Dordogne illustrent parfaitement cette évolution, en proposant un équilibre entre confort moderne et respect de l’environnement naturel exceptionnel du Périgord.

Cette clientèle nouvelle génération ne se contente plus des traditionnels parcs aquatiques XXL. Elle recherche des expériences immersives dans la nature, des activités culturelles et une gastronomie authentique. Les canoës sur la Dordogne remplacent les toboggans, les visites de grottes préhistoriques séduisent davantage que les spectacles en soirée.

L’offre d’hébergement s’adapte également. Fini les mobil-homes standardisés : place aux chalets en bois, aux lodges écologiques et même aux hébergements insolites. Cette évolution répond à une demande croissante de déconnexion, accentuée par les années de télétravail généralisé.

Le réchauffement climatique redessine la carte touristique

Avec un réchauffement attendu de +2,7 °C d’ici 2050 selon Météo-France, les vagues de chaleur seront 5 fois plus fréquentes mais aussi plus longues, possibles de début juin à mi-septembre. Cette perspective inquiète les destinations traditionnelles du Sud, mais profite mécaniquement aux régions jusqu’alors considérées comme moins attractives.

Un responsable de l’office de tourisme de Sarlat que nous avons interrogé le confirme : « Nous recevons de plus en plus d’appels de familles qui annulent leurs réservations en Provence ou en Languedoc pour venir chez nous. » Le phénomène s’observe particulièrement en juillet-août, quand le thermomètre s’affole dans le Midi.

Cette tendance s’accompagne d’un étalement de la saison touristique. Alors qu’auparavant, les campings de Dordogne peinaient à remplir en juin et septembre, ces mois sont désormais très demandés. Un rééquilibrage bienvenu pour une économie locale longtemps dépendante des deux mois d’été.

Des campings connectés mais respectueux

L’évolution ne concerne pas que la clientèle. Les campings eux-mêmes se transforment pour répondre aux nouvelles attentes. WiFi performant, applications mobiles pour faciliter les réservations et services connectés font désormais partie du standard, même dans les établissements les plus rustiques.

Paradoxalement, cette modernisation s’accompagne d’une recherche accrue d’authenticité. Les campings privilégient les matériaux locaux, développent les circuits courts pour la restauration et proposent des activités en lien avec le patrimoine régional. Une démarche qui séduit une clientèle urbaine en quête de sens.

Cette transformation ne va pas sans défis. La forte demande pousse les prix à la hausse, risquant d’exclure certaines familles modestes. Les infrastructures locales, notamment routières, peinent parfois à absorber l’afflux saisonnier. Mais pour l’instant, l’engouement ne se dément pas.

La Dordogne illustre ainsi parfaitement les bouleversements en cours dans le tourisme français. Face au dérèglement climatique, les cartes se redistribuent. Et le Périgord, avec ses châteaux, sa gastronomie et ses rivières, a manifestement de beaux jours devant lui. De quoi faire mentir l’adage qui voulait que « les vacances, c’est fait pour bronzer ». Désormais, elles sont aussi faites pour respirer.